Je vous retrouve le rdv « Premières lignes » initié par Ma Lecturothèque.
Rappel du principe : chaque semaine, je prends un livre et je vous en cite les premières lignes du récit.
Pourquoi ce choix ? Une de mes dernières acquisitions et j’aime beaucoup les premières lignes. C’est ce qui m’a fait craquer 🙂 Je vous laisse découvrir !
PREMIERE LETTRE
Ma mère est mon seul lien avec l’extérieur, mon pote. Autant dire que je suis dans une merde spectaculaire.
Evidemment, si ma génitrice s’était pointée ici dès le commencement, si elle avait sorti de son sac un chèque de cinquante mille livres histoire de me payer un avocat correct, les choses auraient été différentes : nous nous serions expliqués, alors, elle aurait compris, je serais sorti de prison et j’aurais rapidement retrouvé mes marques, prêt à l’action, baignant dans un halo de sollicitude propice. Le problème, c’est que ma mère n’a pas exhibé l’ombre d’un chèque : seulement un sandwich bacon-mayonnaise. Après quoi elle a parlé d’une traite, elle a dit qu’elle était désolée, pour moi, pour nous, pour la famille de ce pauvre type dont j’avais sans doute gâché la vie, et elle m’a demandé de tenir le coup avant de repartir, triste et silencieuse comme une fuite radioactive – sans faire la moindre allusion à cette putain de fin du monde.
Big Fan : Radiohead, la fin du monde et moi, Fabrice Colin (2010), Folio SF, 2017, 240 pages
8 réflexions sur “Premières lignes #36”