Je vous retrouve pour le rdv « Premières lignes » initié par Ma Lecturothèque.
Rappel du principe : chaque semaine, je prends un livre et je vous en cite les premières lignes du récit.
Pourquoi ce choix ? Un roman dont on parle en cette rentrée, mais pas tant que ça… C’est un premier roman qui a vraiment l’air bien. J’en ai lu les premières livres ce matin et je vous les partage !
Je tombais, je tombais et j’avais oublié pourquoi. C’était comme si j’étais toujours tombé. Des étoiles passaient au-dessus de ma tête, sous mes pieds, autour de moi, je moulinais pour m’y raccrocher mais je n’attrapais que du vide. Je tourbillonnais dans un grand souffle d’air mouillé.
Je brûlais de vitesse, le vent hurlait entre mes doigts, j’ai repensé à l’époque où on courait le cent mètre à l’école, les seules fois où les autres ne se moquaient jamais de moi. Avec mes grandes jambes, je les battais tous. Sauf que là, mes jambes ne servaient à rien. Elles tombaient elles aussi comme des imbéciles.
Quelqu’un a crié, loin. Il fallait que je me rappelle pourquoi j’étais là, c’était forcément important. On ne tombe pas comme ça sans une bonne raison. J’ai regardé derrière moi, mais derrière ça ne voulait plus rien dire. Tout changeait tout le temps, tellement vie que j’avais envie de pleurer.
A coup sûr, j’avais fait une énorme bêtise. J’allais me faire gronder ou pire, même si je ne voyais pas ce qu’il y avait de pire que d’être grondé. Je me suis roulé en boule comme quand Macret me tabassait, c’était un truc connu pour avoir moins mal. Maintenant il n’y avait qu’à attendre. J’allais bien finir par arriver.
C’était l’été 1965, le plus grand de tous les étés, et je n’en finissais pas de tomber.
Ma reine, Jean-Baptiste Andréa, éditions L’Iconoclaste, 30 août 2017, 230 pages
3 réflexions sur “Premières lignes #41”