Zombie Nostalgie, Öystein Stene, éditions Actes Sud (2015), 300 pages
Résumé éditeur : Au milieu de l’Océan Atlantique se cache une petite île dont les services de renseignement américains et européens ont gardé l’existence secrète depuis la Première Guerre mondiale. En janvier 1989, un homme se réveille nu dans un hangar sur l’île. Sa peau est grisâtre, son corps froid, ses membres lourds et engourdis. Il ne sait ni où il se trouve, ni comment il a atterri là. Fait encore plus troublant : il n’a aucune idée de qui il est…
Zombie Nostalgie est un livre particulier. Je le pressentais en voyant la couverture. On va nous parler de zombies, mais pas de la manière habituelle ! C’est effectivement cela. Cependant, c’est un livre qui semble divisé. Concernant les avis que j’ai pu lire, certains ont vraiment adoré le principe. Malheureusement, je fais partie des déçus.
Incipit :
« On n’a pas besoin de deux bras pour écrire.
J’ai scotché le feuillet sur la table, en haut et en bas : comme ça, je ne le ferai bouger ni avec mon stylo ni avec ma main. C’est ainsi que j’écrirai mon récit, sur cette rame de papier. En attendant que ma main gauche repousse, qu’elle arrive au niveau de l’autre, qu’elle prenne la même forme que celle qui tient le stylo.
Je veux raconter le pays d’où je viens. Raconter la nation surgie des brumes de l’histoire – ou de celles de la mer, plutôt- avant qu’elle n’apparaisse sur les cartes. Sur des cartes strictement confidentielles, gardées sous clé et étroitement surveillées, qu’on ne sortait qu’à l’occasion de conférences secrètes réunissant des hauts fonctionnaires anonymes aux attributions mal définies. »
Début intriguant qui m’a bien plu. Vient ensuite un chapitre écrit en italique d’une teneur plus historique, écrite à la troisième personne, retraçant l’histoire de l’île et du mythe zombie. Le livre sera structuré ainsi tout du long : la partie du narrateur qui se réveille à Labofnia sans aucun souvenir, sans repères, sur une île qui n’existe pas sur la carte puis la partie historique. Ce sont des chapitres assez courts qui s’alternent tour à tour. On a vraiment deux récits en un.
Johannes, le narrateur, se décrit mais un peu comme extérieure à lui-même.
P16 « Quand je voulus replier mes jambes, elles m’obéirent, mais imparfaitement. Elles étaient flasques et desséchées comme deux morceaux de viande froide. »
On comprend vite, aidé par le titre, qu’il est une sorte de zombie même si on se questionne sur son origine. On lui assigne rapidement un emploi dans cette nouvelle société : archiviste. C’est ce qui lui permettra de raconter son histoire et l’histoire de Labofnia (les chapitres en italique). A noter que dans les chapitres historiques, il y a pas mal de vérités. L’auteur insère des faits et personnages réels ce qui peut permettre au lecteur d’être dupé et donc pris dans le récit : cette île pourrait alors vraiment exister. Alors au début, c’est ce que j’ai effectivement ressenti, mais le procédé m’a lassée car cela me perturbait de ne pas distinguer le vrai du faux. Cela a fini par tout simplement m’ennuyer comme si, parfois, on aurait pu abréger certains passages ou alors les rendre plus explicites.
Concernant l’histoire du narrateur, j’étais intrigué au départ également, mais je me suis lassée là encore. La lecture ne fut pas désagréable, mais je n’étais vraiment pas transcendée. Lorsqu’on rencontre de nouveaux personnages, on sent qu’il se trame un truc sur cette île. Pour certains, elle n’est qu’une prison à laquelle il est impossible d’échapper, et pour ce faire il faudrait vraiment avoir une apparence humaine. Compliqué pour les labofniens qui n’ont pas un teint humain, ne transmettent aucune émotion, etc. Mais je trouve qu’on n’explore pas assez ces différents personnages. Le héros qui se réveille dans un nouveau lieu, porte-parole néophyte, c’est une manière sympa de découvrir un univers, mais j’aurais tellement aimé que le récit s’intéresse davantage aux personnages secondaires et ayant plus d’ancienneté.
Dans le fond, ce récit pose des questions existentielles, mais j’en suis restée là. Même lorsqu’il se passait des choses intéressantes, je trouvais qu’on restait dans cette ambiance un peu trop neutre, « morte » (en même temps, vu que c’est une île de zombies, ça se tient). Ainsi, cela ne me procurait pas beaucoup d’émotions. De la manière dont c’était écrit, il aurait pu se passer un truc totalement de fou que je serais restée de marbre. Car objectivement, il y a une intrigue, quelques rares moments d’action mais tout de même, ça avançait vers une direction et une résolution. Cette dernière est par ailleurs sympathique bien qu’elle ne rattrape pas le tout pour moi. Il est vrai que l’auteur a su lier habilement Histoire, culture pop zombie et histoire de son personnage, mais il n’empêche que moi-même j’ai un peu lu ce livre comme une zombie à la fin, ne ressentant aucune émotion.
Au final, je dirai que c’est la façon de raconter tout cela qui a péché pour moi. Étant donné la couverture, je pensais que le style serait un peu plus piquant, qu’il y aurait une forme d’humour (selon moi un zombie qui mange un quart de mandarine, c’est au moins étonnant). Cela aurait pu d’ailleurs. Peut-être qu’un récit à la première personne avec un narrateur qui n’éprouve pas d’émotions, sauf exception, n’aide pas. Le narrateur est méthodique (d’où son poste aux archives), a comme un souvenir enfoui de ses émotions qu’il aimerait éprouver, et tout cela se ressent. Moi aussi, en tant que lectrice, j’aurais aimé vibrer davantage.
Je suis assez déçue de ne pas avoir aimé car j’admets que c’est un ovni du genre et qu’il y a de bonnes idées, mais si je ne l’avais pas lu en LC, c’est probablement un livre que j’aurais abandonné. D’ailleurs, la déception fut partagée avec ma binôme.
Avez-vous lu ce livre ? Vous fait-il envie ? Si oui, ne vous arrêtez pas à mon avis. Sur livraddict, quelques personnes l’ont beaucoup aimé !
C’est dommage, j’avoue que l’incipit et le résumé étaient de bon augure. Je le note tout de même, au cas où je le tente un jour. Merci pour ton retour !
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J’espère qu’il te plaira si jamais tu tentes le coup ! Je crois qu’il n’a pas été édité en poche mais il se trouve facilement en occasion.
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Merci pour les infos 😉
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Dommage mais j’ai apprécié de te lire sur ce livre sur lequel je ne me serais jamais retournée…
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Merci ! Oui, c’est vraiment un livre particulier !
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