Les royaumes carnivores T1 – Yui Hata

royaumecarniLes royaumes carnivores Tome 1, Yui Hata, éditions Akata, 214 pages, 2017 (série manga terminée en 3 tomes)

Dans un monde dirigé par la tribu royale, la famille des Lions, les carnivores règnent d’une main de fer sur les autres espèces animales. Véritables tortionnaires sans pitié, ils ne considèrent les espèces végétariennes que comme leur nourriture évidente. Et si la tribu des gazelles de Thomson est épargnée, c’est pour une seule et unique raison : les lions n’aiment pas le goût de leur chair. Asservies au rang d’esclaves, les gazelles servent hélas trop souvent de défouloir à la colère de leurs maîtres. Un jour, face à tant cruauté et à la tyrannie, Buena, jeune gazelle de Thomson, décide de se lever ! Commence alors son voyage, sa quête… à la recherche de la dernière guépard blanche de son espèce, la seule à pouvoir l’aider dans sa lutte.

Aujourd’hui, je vous parle de manga avec une petite pépite que j’ai lue hier : Les Royaumes carnivores, une série en trois tomes parue chez les éditions Akata.

Ce manga me faisait de l’œil depuis un moment, mais j’hésitais à le lire. C’est assez inhabituel de voir des titres mettant en scène exclusivement des animaux dans les mangas, mais à la lecture, on se rend compte de leur humanité cruelle (y compris dans le dessin anthropomorphique). Comme dans de nombreux titres (les fables de la Fontaine, la ferme des animaux d’Orwell), cette mise en scène permet de mettre en exergue les défauts de l’humain et ouvre à la réflexion.

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Dans ce Royaume, les animaux se tiennent sur deux pattes. Si la hiérarchie Lion au sommet – Gazelle esclave semble « naturelle » de prime abord, il n’en est rien tant cette servitude est humanisée. Nous n’avons pas seulement des lions qui chassent pour se nourrir, mais des lions qui chassent déjà plus qu’ils ne peuvent en manger, qui réduisent en esclavage les gazelles dont ils n’aiment pas le goût. En échange de leur liberté, elles vivent en sécurité. C’est une voie qu’ont refusé les zèbres, animaux fiers et courageux. Les hyènes sont également des serviteurs même s’ils sont carnivores et ont un rang plus haut que les gazelles. Ils sont soldats et semblent heureux de ne pas avoir à chasser eux-mêmes mais ils récupèrent les restes. Certaines hyènes semblent se poser des questions. Tous ces points de vue sont très intéressants. 

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Alors on pense forcement au végétarisme, mais pas que. J’y ai également vu une critique du mode de consommation capitaliste. Il n’y a vraiment aucune règle d’éthique, aucun respect, et une toute puissance léonine affirmée et maintenue par la peur : un régime totalitariste. Comme je le dis, ce ne sont pas des lions normaux, qui ont faim puis qui chassent naturellement… et c’est cet absence de naturel qui renvoie à des pratiques humaines de consommation : les abattoirs, le fait de surproduire (pour les lions) mais aussi le fait de se bander les yeux et de ne pas chasser soi-même (pour les hyènes) ce qui contribue fortement à ce système. Les scènes chocs ne nous sont pas épargnées… on ne peut qu’être dégouté des lions à de nombreux égards.

Au milieu de tout ça, une gazelle prend conscience de l’anormalité de cette situation et décide d’agir en sauvant des enfants zèbres destinés aux lions. Il s’appelle Buena et sera donc amené à fuir cette servitude, mais cherchera aussi à renverser ce système, ce que nous verrons, je l’espère, dans les tomes 2 et 3. Pour ce faire, il voudra collaborer avec toutes sortes d’animaux notamment une grande carnivore… la seule à se tenir encore à quatre pattes. Parviendra-t-il à la contacter et à la rallier à sa cause ? Trouveront-ils un terrain d’entente ?

J’ai vraiment hâte de lire la suite. J’en ai déjà dit long sur l’histoire, mais je rajouterai qu’elle est extrêmement prenante. Au-delà des pistes de réflexions, on a une intrigue passionnante. On se sent dans la dystopie avec le système de caste, puis la rébellion annoncée. Les personnages sont attachants, et on en rencontre déjà un beau panel. En dehors des lions, j’ai trouvé que l’auteur nous épargnait un aspect trop manichéen : les gazelles sont partie prenante de leur asservissement, les hyènes sont -comme souvent- caractérisées par leur lâcheté mais certaines s’interrogent, etc.

C’est donc un titre riche, avec matière à explorer encore plusieurs thèmes. Dommage que la série se termine en trois tomes, mais ça peut aussi rassurer et vous inciter à tenter l’expérience de lecture ? N’hésitez plus !

En bref, j’ai été captivée par ce premier tome. Très prenant, il met en exergue les travers de l’humanité tout en évitant d’être manichéen grâce à des personnages en relief. J’ai hâte de voir l’évolution de l’intrigue qui n’est pas en reste ! Une excellente découverte.


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