La parabole des talents – Octavia E. Butler

La parabole des Talents est la suite de La Parabole du semeur.

La Parabole du semeur (VO : 1998), Octavia E. Butler, Éditions Au diable Vauvert, 560 pages

L’histoire est cette fois racontée par la fille de Laureen (personnage principal) dans une mise en abîme. Pour autant, le carnet de celle-ci continue. En effet, le premier tome constituait seulement à reconstituer des pages de journal intime de Laureen une jeune femme qui a créé une religion/philosophie dans un monde post-apo entre 2024 et 2027.

Dès le début, on comprend que c’est sa fille qui parle. Sa fille ouvre chaque chapitre sans qu’il n’y ait de date sur sa temporalité, on sait juste que Laureen est morte. Elle commente sa vie avec une certaine distance, puis publie les restes du journal de sa mère entre 2032 et 2035. Chaque chapitre est construit ainsi : commentaires de la fille -> journal de Laureen. En gros, la fille nous tease souvent la suite, procédé un peu différent du premier livre !

Elle raconte que ce qui a eu lieu était semblable à une troisième guerre mondiale, appelée par les médias « L’apocalypse » ou « L’épidémie ». En dehors de cela, je trouve qu’on n’en apprend pas énormément plus sur les enjeux politiques. Ils sont peut-être, malheureusement, trop proches de ce qu’on vit actuellement… j’aurais aimé plus de détails sur ce point.

Jamais les personnages ne sont au cœur du pouvoir ce qui explique cette vision à la fois concrète et extérieure des problématiques. Laureen dit elle-même dans son journal qu’elle veut en savoir le moins possible sur ce qu’il se passe, du moins seulement ce qui est vraiment nécessaire. Il faut dire qu’elle poursuit sa quête idéologique : Dieu est changement.

Le point religieux est très développé dans ce tome, car le président ne tolère pas d’autres religions que le christianisme. Il pense régler les problèmes par le prisme de la religion… Or, les autres sont alors des mécréants, des parias. Ne pas être en accord avec cette vision, c’est s’exposer au pire notamment à l’esclavage… on avait déjà de l’esclavage par l’exploitation économique des entreprises au premier tome, ici on monte d’un cran.

Je ne peux en dire plus mais sachez que ce tome est plus sombre que le premier.

J’ai bien aimé que la fille contrebalance l’idéologie de sa mère. J’ai eu un peu de mal avec l’entêtement du personnage de Laureen, car j’ai toujours été sceptique avec sa vérité, son projet, bien qu’elle soit bienveillante. Je pense que cette intrigue n’était pas faite pour moi, et je suis totalement passée à côté. J’ai préféré Laureen dans le premier tome, car son idéologie l’aidait à aller de l’avant, et là je l’ai moins ressenti ainsi. De plus, j’ai eu un peu de mal avec sa relation avec Bankole par moment.

« De tout temps, les hommes ont puisé un certain réconfort dans le mépris des plus mal lotis, leurs semblables, que l’adversité a précipités au fond du trou, des êtres infiniment vulnérables que l’on peut rendre aisément responsables du pire et châtier en toute bonne conscience. »

Avec le retour d’une chrétienté très forte, il est notamment évoqué le statut de la femme. On assiste à de nombreux passages sexistes voire carrément misogynes.

« Il faut les respecter, les dorloter, les protéger, affirme Jaret (le président) dans ses sermons, mais pour leur propre bien, elles doivent se taire et prêter obéissance à leurs père, frère, époux, et même à leurs fils quand ils sont majeurs. Dieu a donné aux hommes seuls la compréhension du monde. »

Parfois, j’ai haussé le sourcil car certaines actions sont assez peu commentées notamment en ce qui concerne un abus sexuel. Je ne sais que penser du traitement de certaines actions.

[EXEMPLE (pas un gros spoiler)]A un moment, une fille dit à Laureen qu’elle a beaucoup souffert ce qui explique un comportement « lâche » (elle ne veut pas se risquer à rechercher un parent à elle dans un monde post-apo). Laureen la compare à son frère qui avait eu un comportement de sauveur à 15 ans (elle en a 16) et elle insinue que la jeune fille est moins courageuse que son frère d’un ton qui m’a semblé méprisant. Ce passage m’a énervée car elle ne prend pas en compte le sexe et les viols que la jeune fille a subi dans son enfance… [FIN de l’EXEMPLE] J’ai trouvé ce passage péremptoire et il a joué sur ma façon de me détacher du personnage de Laureen pour lui préférer sa fille (qui a pourtant assez peu de temps de parole puisqu’elle introduit seulement les chapitres). De plus, sur la partie idéologique, je n’ai jamais trop aimé l’idée de la conquête spatiale.  

Je trouve, encore une fois, que beaucoup de thèmes intéressants sont abordés, souvent de manières intéressantes mais un peu superficielles à mon sens. Je suis passée à côté de l’intrigue et quelque peu à côté du personnage principal que j’appréciais davantage dans le premier tome.

De plus, sans la dévoiler, j’ai été assez déçue par la fin.

Ma lecture n’a pas été désagréable et je retiens de nombreux points positifs, mais il faut avouer que je suis globalement passée à côté de cette saga.

Je vous la conseille surtout si vous aimez le côté survie/post-apo qui est bien mis en avant.

Pour ma part, je mets tout de même dans ma wishlist Liens de sang d’Octavia E. Butler qui raconte l’histoire d’une jeune femme noire (mariée à un blanc) qui se retrouve propulsée au temps de l’esclavage.

La parabole des talents par Octavia E.  Butler

La parabole des talents

La parabole des talents

Octavia E. Butlertous les livres sur Babelio.com

LU dans le cadre d’une Mass Critique Babelio.


2 réflexions sur “La parabole des talents – Octavia E. Butler

    1. Oui, ils vont en rééditer d’autres dont des one-shot il me semble. Malgré mon avis un peu mitigé (l’intrigue n’était pas faite pour moi je pense), il a récolté de très bons avis sur livraddict. J’espère que tu auras l’occasion de la lire ! Merci pour ton commentaire !

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